Née à Montréal, Louise Lecavalier a étudié la danse moderne et le ballet classique à Montréal et à New York. Danseuse professionnelle depuis 1977, elle a été membre des compagnies de danse Nouvelle Aire et Pointépiénu, et a également dansé pour des chorégraphes indépendants tant à Montréal qu’à New York. Elle a chorégraphié une pièce solo intitulée Non, Non, Non, je ne suis pas Mary Poppins, présentée à Montréal en 1982.
Elle s’est associée à La La La Human Steps en 1981 pour la production d’Oranges et a fait partie de toutes les distributions de la compagnie jusqu’en 1999. En 1985, Louise Lecavalier devient la première Canadienne à remporter un prix Bessie à New York pour sa prestation dans Businessman in the Process of Becoming an Angel (1983).
Elle a dansé dans Human Sex (1985), New Demons (1987), Infante (1991), et enfin, 2 (1995) et Exaucé/Salt (1998), œuvres où elle atteint à une rare maturité d’interprète. Icône de la compagnie pendant près de deux décennies, investie corps et âme dans son art, elle a incarné une danse extrême, avec passion, avec une générosité sans prudence, bouleversant les publics de partout. On dit d’elle qu’elle est « la danseuse la plus brillante et la plus tragique de notre époque … des jambes de feu » (Melody Maker, Londres). « La signature de La La La Human Steps. Souvent imitée, jamais égalée. Elle reste la figure de l’indomptée, la tignasse platine en révolte, refusant les entraves. Pour elle, la danse est partage. » (Le Monde, Paris)
Louise Lecavalier a également participé à toutes les collaborations d’envergure qui ont marqué la trajectoire de La La La Human Steps. En 1987, elle est invitée à danser avec Marc Béland à Rendez-Vous 87 à Québec aux côtés d’un couple de danseurs du Ballet Bolchoi. En 1988, elle participe avec David Bowie à un concert bénéfice au profit de l’Institute of Contemporary Arts à Londres, une pièce chorégraphiée par Édouard Lock qui sera aussi présentée dans le cadre du spectacle Wrap Around the World, conçu par l’artiste renommé Nam June Paik et diffusé simultanément dans plusieurs pays. En 1990, avec Donald Weikert, elle participe comme artiste invitée à une dizaine des grandes étapes (dont New York et Los Angeles) de la tournée mondiale du spectacle de Bowie, Sound and Vision. En 1989, elle participe au vidéoclip de Carole Laure, Danse avant de tomber. En septembre 1992, elle prend part au concert The Yellow Shark de Frank Zappa et de l’Ensemble Modern d’Allemagne à Francfort, Berlin et Vienne.
Au printemps 1994, elle obtient un rôle dans le film Strange Days, réalisé à Los Angeles par Kathryn Bigelow. En août de la même année, elle joue dans le moyen métrage Élizabeth Chénier, réalisé par Martin Baril dans la série Pour tout dire produite par l’Office national du film du Canada. À l’automne 1996, elle prend part avec Édouard Lock au documentaire Inspirations du réalisateur britannique Michael Apted, regroupant, sur le thème de la création, des personnalités de divers champs artistiques, dont le peintre Roy Lichtenstein, le chanteur David Bowie et l’architecte Tadao Ando. En août 1997, elle collabore au projet d’improvisation Crash Landing — Second Chance à l’Internationale Tanzwochen de Vienne, réunissant différents artistes, notamment les chorégraphes et danseurs Steve Paxton et Benoît Lachambre, les musiciens David Linton et Harry de Wit et la comédienne Kate Valk du Wooster Group. À l’hiver 1998, elle est chargée de cours au département de danse de l’Université du Québec à Montréal.
En mai 1999, elle remporte le prix national de danse Jean A. Chalmers, la plus haute distinction en danse au Canada, prix octroyé pour la première fois à une interprète. Le 29 mai 1999, à Porto au Portugal, elle danse la cinquantième représentation d’Exaucé (Salt), son ultime spectacle avec La La La Human Steps, mettant un terme à sa collaboration fructueuse avec Édouard Lock et La La La Human Steps, après dix-huit années d’un engagement total avec la compagnie.
En mars 2003, elle participe à une soirée intitulée Reclusive Conclusions and Other Duets au Centre national des Arts à Ottawa, un programme de trois duos réunissant également autour du chorégraphe et danseur Tedd Robinson les danseuses Margie Gillis et Mako Kawano. Au cours des deux années suivantes, elle travaille de nouveau avec Tedd Robinson, qui crée pour elle et trois interprètes masculins la pièce Cobalt rouge. Coproduite par le Centre national des Arts (Ottawa), la Biennale de Venise et le Théâtre de la Ville (Paris), cette œuvre a été présentée en première au CNA, à Ottawa, puis au Théâtre Outremont, dans le cadre du Festival Montréal en lumière, en février 2005, à la Biennale de Venise en juin de la même année et en tournée au Brésil en mars 2006.
En 2006, Louise Lecavalier travaille à la création des solos “I” Is Memory, chorégraphié pour elle par Benoît Lachambre, et Lone Epic, créé par la chorégraphe canadienne Crystal Pite. Ces deux solos, ainsi que le duo Lula and the Sailor, extrait de Reclusive Conclusions et repris dans Cobalt rouge, ont été présentés dans le cadre d’une soirée complète de 2006 à 2009 en Amérique du Nord, en Europe et au Japon sous la bannière de la compagnie Fou Glorieux, une structure de travail flexible fondée par Lecavalier en 2006.
Le duo Is You Me, nouvelle collaboration entre Louise Lecavalier et Benoît Lachambre, produit par la compagnie Par b.l.eux, a été créé au printemps 2008 au Festival Transamériques à Montréal et a été diffusé en tournée 54 fois jusqu’à l’été 2011. Le double programme de duos formé de Children, une œuvre conçue par le chorégraphe britannique Nigel Charnock, et de A Few Minutes of Lock, trois anciens duos d’Édouard Lock réactualisés, a fait l’objet de 92 représentations de 2009 à la fin de 2013 en Amérique du Nord, en Europe ainsi qu’en Australie. Parallèlement, Louise Lecavalier a terminé la création d’une nouvelle œuvre intitulée So Blue, qu’elle a elle-même mise en scène et chorégraphiée. La première partie est présentée en avant-première au Festival Sommerszene, à Salzbourg, en juillet 2012. La première a lieu le 7 décembre 2012 au tanzhaus nrw, à Düsseldorf, en Allemagne, et la première nord-américaine, le 7 juin 2013 au Festival TransAmériques à Montréal. Depuis, So Blue continue de tourner en Amérique du Nord et du Sud, en Europe et en Asie. En juin 2015, l’œuvre remporte un prix Dora Mavor Moore à Toronto pour les représentations au Festival Luminato 2014.
Mille batailles a été présentée en première au tanzhaus nrw à Düsseldorf les 13 et 14 février 2016 et en première nord-américaine au Festival TransAmériques 2016, au Monument-National à Montréal. Tout comme So Blue, Mille batailles connaît une large diffusion internationale.
En février-mars 2018, elle crée et interprète une section dansée dans la pièce Les Marguerites, mise en scène par Denis Marleau et Stéphanie Jasmin, présentée à Espace GO à Montréal. En février 2020, Louise Lecavalier crée en Allemagne un nouveau solo intitulé Stations.
En 2013, la danseuse interprète le court métrage de danse Off Ground, réalisé par Boudewijn Koole d’après une chorégraphie du mimographe néerlandais Jakop Ahlbom. Lauréat du Prix du public au Festival Cinedans 2013 à Amsterdam, Off Ground remporte également le Prix de la création au 32e Festival international du film sur l’art de Montréal, en mars 2014. Un documentaire, Louise Lecavalier – Sur son cheval de feu, réalisé par Raymond St-Jean et produit par Ciné Qua Non Média, lui est consacré, présenté par la chaîne culturelle ZDF/ARTE en janvier 2018 et sorti en salle à Montréal, Québec et Sherbrooke à la fin mars 2018.
La carrière de Louise Lecavalier a été soulignée par plusieurs prix et récompenses. La danseuse a été boursière du Conseil des Arts du Canada à deux autres reprises, et a fait de longs séjours d’études à New York en 1982 et en 1986. À l’été 1994, elle recevait une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec pour perfectionner son entraînement à Los Angeles auprès du boxeur et danseur Milford Kemp. Elle est également lauréate d’une bourse de carrière décernée par le Conseil des arts et des lettres du Québec en février 2003. En décembre 2008, elle est nommée officier de l’Ordre du Canada en reconnaissance de « sa contribution légendaire à la danse contemporaine ».
En juin 2011, elle est nommée « Personnalité chorégraphique de l’année 2010-2011 » par le Syndicat professionnel français de la critique, à Paris. En novembre 2011, elle est la première lauréate des Prix de la danse de Montréal, créés à l’initiative de la chorégraphe Marie Chouinard. En septembre 2013, elle remporte le prix de danse Léonide Massine 2013, à Positano, en Italie, dans la catégorie « danseuse de l’année sur la scène contemporaine ». En mars 2014, Louise Lecavalier et sa compagnie Fou glorieux récoltent coup sur coup deux prix très prestigieux : Fou glorieux reçoit le 29e Grand Prix du Conseil des arts de Montréal, tandis que la danseuse figure parmi les lauréates 2014 des Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle (PGGAS) de la réalisation artistique, la plus haute distinction dans le domaine des arts de la scène au Canada. En mars 2015, elle est nommée compagne de l’Ordre des arts et des lettres du Québec, parmi 35 personnalités ayant aussi contribué au rayonnement de la culture québécoise. En novembre 2017, elle reçoit le prix Denise-Pelletier, la plus prestigieuse distinction accordée par le gouvernement du Québec dans le domaine des arts de la scène, et en décembre de la même année, elle reçoit un doctorat honoris causa de l’Université du Québec à Montréal.
Louise Lecavalier donne à l’occasion des stages et des ateliers pour les danseurs professionnels, ici et en Europe.