Rentrée danse – Mouvements de masse
Article de Catherine Genest paru dans VOIR, le 9 janvier 2014
La danse soulève les passions, la danse remplit les salles. En 2014, plus que jamais et incontestablement moins que demain.
Enchaîner les mouvements est une chose. Leur donner des noms en est une autre. Mais combien de chorégraphes sont-ils parvenus à développer une gestuelle qui leur est propre? Un style reconnaissable entre tous, et même pour le grand public? Ils sont extrêmement rares, ces hommes et femmes de danse, mais Marie Chouinard en fait résolument partie.
Elle pourrait se contenter de variantes, d’un assemblage de ses mouvements signature parsemés de pointes d’humour. Elle pourra s’asseoir sur ses lauriers, se contenter d’un effort minimum et (quand même) recevoir ovations et applaudissements nourris. Personne ne s’en rendrait compte. Ou presque.
Mais Chouinard se dépasse, ne tient rien pour acquis. Pourquoi faire simple quand on peut faire complexe? Tel a dû être le mantra de la Montréalaise qui présentera Henri Michaux: Mouvements, un soir seulement à Québec, spectacle au cours duquel les interprètes recréeront les dessins du peintre belge avec leurs corps. Une pièce précédée par Gymnopédies, un ballet dansé sur les œuvres du même nom du pianiste Erik Satie. Si le choix est prudent sur le plan de la bande sonore, fort est à parier que l’audacieuse créatrice saura y mettre du piquant.
Lundi 17 février à 20 h
Grand Théâtre de Québec
Le projet se démarque de par son propos, recette gagnante – outre les images fortes – pour se tailler une place de choix en tant que chorégraphe de la relève. Si Annie Gagnon a utilisé les insectes à des fins gestuelles pour son premier projet, Anne Plamondon, quant à elle, a choisi d’explorer le thème de la maladie mentale, sans sensationnalisme, sans fioritures et en se basant sur le vécu de son propre père souffrant de schizophrénie. Et si l’équilibre mental était aussi fragile que les psychiatres le laissent entendre? Et si chacun d’entre nous pouvait verser, chavirer du côté de la folie d’un moment à l’autre?
Il en résulte une pièce de danse-théâtre mentorée par l’actrice souvent engagée par Robert Lepage, nulle autre que Marie Brassard qui signe la dramaturgie ainsi que la mise en scène de cette pièce bellement intitulée Les mêmes yeux que toi.
Les 6, 7 et 8 mars à 20 h
Salle Multi de Méduse
Ils sont 18 danseurs sur scène, ils sont nus, ils seront en ville un soir seulement. Tragédie, par le Français Olivier Dubois, bouscule toutes les conventions possibles, à commencer par le système de censure de Facebook.
Reste que l’interdiction de partager quelconque photo du spectacle sur le réseau social n’a pas eu pour effet pervers de calmer les ardeurs des vrais amoureux de la danse. Les billets, dans la France tout entière, se vendent comme des petits pains chauds. Un succès explicable au-delà du cul, de la nudité et des images fortes qui en découlent. La trame sonore résolument rock et techno sur les bords de la bande-annonce qui circule sur la toile promet un sérieux coup de poing au visage de celui qui sera assis dans la salle ce soir-là de printemps.
Jeudi 27 avril à 19 h 30
Grand Théâtre de Québec
Source: Voir.ca, Catherine Genest