Petit guide de lecture chorégraphique / Partie 4
L’intérêt du spectacle de Navas passe par la beauté plastique des corps en action. On peut y apprécier l’articulation des squelettes (tout semble léger, sans efforts musculaires et les extensions se font toutes en douceur). La circulation des mouvements est portée par l’intériorité des interprètes. La respiration méditative emporte le danseur autant que le spectateur. Tout au long du spectacle, une grande place est laissée au silence. La danse comporte quelques rares changements de rythmes. L’accompagnement musical y est rare et fuyant et les pièces musicales d’Éric Satie sont courtes. La musique entre parfois comme au hasard, semblant rythmer la danse mais menant parfois une existence parallèle à celle-ci. Même, parfois, la musique existe brièvement sans la danse.
Dans les éclairages subtils, nous pouvons y apprécier la pureté des lignes et la qualité des arrêts sculpturaux. La charge spatiale arrive quand les danses sont multipliées par plusieurs danseurs mis en espace dans différentes orientations. Tout au long de la chorégraphie, Navas parvient à laisser respirer l’espace. Il y parvient à travers les quelques portés, les canons et variations, les mouvements de groupe en lignes, en trios croisés et en bancs de poissons. Parfois, la scène se vide complètement, nous laissant apprécier le silence, apprécier le vide.
Petit guide de lecture chorégraphique
Partie 1 : Le travail du chorégraphe
Partie 2 : Collaboration Chorégraphe-Interprètes
Partie 3 : Héritage Cunningham
Partie 5 : À vous de jouer