Père et mère – Songes printaniers
Article de Catherine Genest paru dans voir.ca le 28 avril 2011
Précieux porte-étendard de la danse butô à Québec, Mario Veillette se met en scène puis engage sept danseuses dans sa nouvelle production. Un point final introspectif et minimaliste pour la 14e saison de La Rotonde.
Trois ans. C’est le temps qui aura été nécessaire à la création de Père et Mère, un spectacle divisé en deux parties bien distinctes où jeunesse, vieillesse et féminité se partagent la scène tour à tour. Une pièce mûrie à point, forte des 25 ans de métier de son géniteur.
Entrant tout juste dans la cinquantaine, Mario Veillette trace un bilan et joue (d’abord) le rôle de l’interprète. « C’est sûr qu’en vieillissant, mes capacités diminuent. Ça apporte quelque chose de différent à mon art », laisse-t-il savoir, tout sourire, en parlant de son solo.
Le résultat, projecteurs ouverts et public sagement assis, promet d’être d’une grande sensibilité. Empreinte d’une sérénité et très intimiste, la pièce interpelle d’abord et avant tout le coeur. « La scénographie est totalement dépouillée, il n’y a qu’une chaise. Et moi, je bouge peu et c’est délicatement que je le fais. En réalité, l’attention est surtout portée vers mon visage et mes mains », expose Mario Veillette.
Mention spéciale à la participation de Julie Pichette, aux costumes, sans qui l’ambiance du spectacle n’aurait pas été complète ou, du moins, aussi riche et profonde. Une collaboration entre deux artistes répétée pour la énième fois, qui vient donner le ton à l’atmosphère du spectacle au même titre que la musique, toujours soigneusement choisie par Veillette: « Pour ma partie, j’ai choisi trois pièces différentes, une de Beethoven, une de Majilla Jackson et l’autre d’un compositeur butô quasi anonyme. Pour la partie des filles, j’ai pris le Stabat mater de Vivaldi. »