« Ma danse est le résultat de toutes mes expériences » Anne Plamondon | Les mêmes yeux que toi
Article paru sur le site du Voir le 28 février 2014.
Anne Plamondon a passé huit ans à vouloir faire un solo. Elle attendait les bonnes raisons de le faire quand le thème universel de la maladie mentale s’est imposé comme une évidence. Mais sa préoccupation principale était réellement de faire un excellent spectacle de danse. La chorégraphe et interprète dit s’être fiée à ses capacités de danseuse pour aller chercher le public. La volonté première était de faire une pièce de danse forte. L’accueil du public, depuis le début de la présentation du spectacle, est absolument fabuleux, tant pour la performance dansée que pour la thématique abordée. En effet, dans ce spectacle ni déprimant, ni sombre mais largement poétique, le public se trouve confronté à la réalité d’une ligne d’équilibre très fine entre la bonne et la mauvaise santé mentale, autrement dit à la fragilité de l’humain. Qui n’a pas eu peur un jour de basculer face aux difficultés de la vie? En abordant un thème touchant personnellement un membre de sa famille, son père, et un thème plus grand qu’elle, elle surpassait les peurs inhérentes au choix courageux de danser un solo.
Anne Plamondon a travaillé avec plus de trente chorégraphes. Actuellement, elle travaille beaucoup avec Victor Quijada et aussi avec Crystal Pite, deux chorégraphes qui lui font confiance et qui créent sur mesure pour elle. Mais à un moment donné, Anne Plamondon a eu envie d’encore plus d’espace pour la création, de pouvoir prendre les décisions finales, d’être complètement libre de ses envies. Faire un solo répond bien à cette ivresse de liberté. Elle reconnaît qu’elle se nourrit de défis et qu’elle aime se challenger pour sentir ses performances en vie. Quand quelque chose lui fait peur, comme danser un solo, par exemple, cela lui donne l’énergie pour y arriver. Son instinct d’interprète d’expérience a servi sa chorégraphie.
Pour réaliser ce défi, l’interprète devenue aussi chorégraphe, s’est entourée de Marie Brassard, qu’elle qualifie de collaboratrice idéale puisqu’elle écrit des solos et qu’elle est agile avec les mots telle une poète. Anne lui a partagé le début de ses recherches gestuelles puis ensemble elles ont travaillé beaucoup autour d’improvisations pour finalement revenir à l’essentiel et à l’essence du projet.
« Ma danse est le résultat de toutes mes expériences », nous confie Anne Plamondon qui a été formée au ballet classique puis a embrassé des styles de danse plus contemporains en Europe et au Québec. Elle est aujourd’hui co-directrice artistique de RUBBERBANDance Group, compagnie qui a pour but de créer des passerelles entre le classique et le hip-hop en imaginant une nouvelle forme de danse. Grâce à son investissement dans la compagnie aux côtés de Victor Quijada, elle a retrouvé la liberté des multiples expressions que pouvait lui offrir son corps, s’est reconnectée avec les raisons qui l’ont poussée à danser et s’est dotée de multiples outils pour communiquer les énergies et les émotions. C’est riche de tout cela qu’elle nous arrivera sur scène le jeudi 6 mars à Québec pour trois soirs seulement. Et on ne manquera certainement pas ça.
+ Chroniques du regard de Mario Veillette
Entrevue avec Anne Plamondon et rédaction: Sandrine Lambert.