Les chroniques du regard : Là où je vis
C’est la chorégraphe Danièle Desnoyers qui ouvre le bal de La Rotonde cette année avec Là où je vis.
Cinq danseurs, une musique électronique, une artiste en arts visuels, du papier, un écran, autant d’éléments de l’œuvre à observer et à mettre en relation.
Ligne du corps, ligne au crayon, voix et bruit strident, gestuelle en suspension, comment ces éléments entre eux se répondent et quel sens prendront-ils à vos yeux ?
Vous remarquerez certainement que la chorégraphe se plait à exploiter la forme duo. 2 danseurs se rencontrent, restent en contact physique, prennent appui ou se repoussent. Et pourtant chacun de ces duos se distingue, possède sa propre entité et nous invite à l’intime différemment.
Comme le matériau du chorégraphe est le corps humain, il faut saisir cette opportunité de passer par nos repères physiques pour pénétrer la symbolique du langage du corps. Ainsi, vous saurez lire ce danseur qui nous fait dos lorsqu’il danse en tandem, ou encore ces bras qui se désarticulent, embrassent et dessinent l’espace de grands et de petits cercles.
Il est aussi intéressant de s’attarder sur la façon dont les tableaux s’enchaînent entre eux. Est-ce la musique qui servira à introduire un autre tableau? Est-ce l’entrée d’un danseur dans l’espace? Ou encore l’intervention d’une artiste qui manie l’image ?
Nous avons tous deux yeux organiquement semblables et pourtant nous ne regardons pas de la même façon. Pendant que certains se concentreront sur la manière dont les interprètes dansent, d’autres s’intéresseront aux idées chorégraphiques, aux aspects symboliques ou à l’apport des éclairages et de la musique sur l’œuvre.
Je mets donc votre « personnalité du regard » au défi de voir comment tous les éléments de Là où je vis contribueront à appuyer votre jugement critique et esthétique.
Là où je vis, un titre qui interpelle, une œuvre poétique à laquelle tous les sens sont conviés.
Bon spectacle à vous lecteurs de danse !