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Je me souviens: bataillon poétique

Je me souviens: bataillon poétique

Article de Josianne Desloges, Le Soleil, le 9 juillet 2011

Je me souviens - Le fils d'Adrien danse - photo Le Soleil, Martin Martel

Le bataillon de danseurs se déploie d'abord au pas, puis avec des mouvements de plus en plus fluides, en portant tantôt les sculptures corporelles d'André Du Bois, tantôt des drapeaux bleus qui appellent à la justice et à la liberté. Le Soleil, Martin Martel

(Québec) La danse contemporaine sonne l’assaut, avec fougue, prestance et rigueur grâce au nouveau spectacle déambulatoire d’Harold Rhéaume, baptisé Je me souviens. Avec la complicité du designer Philippe Dubuc, des musiciens de Who Are You et de seize danseurs, le chorégraphe de Québec persiste et signe.

Beaucoup de gens s’étaient déplacés pour assister à la première, hier après-midi. Quelques centaines de personnes, guidées par les trois musiciens de Who Are You, portant instruments, micros et porte-voix en guise de haut-parleurs, se sont déployées sur le terrain de parade de la Citadelle pour le premier segment du spectacle. À la scène finale, devant le Parlement, où bien des festivaliers en route pour Elton John se sont joints à la procession, les organisateurs jugeaient qu’ils avaient attiré un millier de spectateurs.

 

Je me souviens - Le fils d'Adrien danse - Josué Beaucage - photo Le Soleil, Martin Martel

Les musiciens de Who Are You, portaient instruments, micros et porte-voix en guise de haut-parleurs pour guider les spectateurs sur le terrain de parade de la Citadelle. Le Soleil, Martin Martel

Le trajet va de la Citadelle au Parlement, du militaire au politique. «Je ne voulais pas faire de revendications, mais les formations, la rigueur, l’uniformité du monde militaire m’inspiraient. Et plus le spectacle avance, plus le danseur devient un individu distinct, jusqu’à prendre la parole», explique le chorégraphe.

 

Entre les deux châteaux forts du pouvoir, le bataillon de danseurs se déploie d’abord au pas, puis avec des mouvements de plus en plus fluides, en portant tantôt les très belles sculptures corporelles d’André Du Bois comme des auréoles rouillées ou des panaches, tantôt des drapeaux bleus qui appellent à la justice et à la liberté. Près des remparts, ils se livrent à une chorégraphie avec des échelles. Ce passage est, selon Rhéaume, «une peinture en mouvements, hyper minimaliste.»

La danse a du style

Ceux qui avaient aimé Le fil de l’histoire, aussi de Rhéaume et présenté ces trois derniers étés, seront vite conquis par Je me souviens. «Dans Le fil, on devait parler des 400 ans de Québec, être très accessible. Là, je me suis permis d’aller vers quelque chose de plus contemporain», explique-t-il. Et ça marche. En parfaite synergie avec le décor de Québec, Je me souviens évoque l’âme, le souffle et la conscience de la ville. La musique de Who Are You, avec ses rythmes organiques, ses sonorités planantes et des chants qui rappellent les airs liturgiques et les hymnes, est tout indiquée.

Le designer Philippe Dubuc, qui a conçu les superbes costumes faits sur mesure pour les seize danseurs, était aussi venu jeter un oeil à son oeuvre, hier. «Faire des costumes pour la danse contemporaine, que j’aime beaucoup, présentée dans des lieux aussi inusités… Je n’ai pas pu dire non!», nous a-t-il dit.

Le spectacle sera présenté à 15h tous les samedis et les dimanches jusqu’au 31 juillet. Départ à la Citadelle. Gratuit. Avec Josiane Bernier, Marilou Castonguay, Sébastien Cossette, Maryse Damecour, Jean-François Duke, Isabelle Gagnon, Pierre Lecours, Jean-François Légaré, Brice Noeser, Alexandre Parenteau, Katrine Patry, Fabien Piché, Ève Rousseau-Cyr, Mélanie Therrien, Georges-Nicolas Tremblay et Ariane Voineau.

La compagnie Le fils d’Adrien danse est en résidence permanente à La Rotonde
Source : Le Soleil, Josianne Desloges