ÉC 2011 – La Séduction?
Pièce au programme du spectacle Émergences chorégraphiques 2011 (ÉC 2011)
Au fond, qu’est-ce qui séduit?
Ce solo propose la triple répétition d’une même séquence, afin de mettre en lumière trois différentes intentions liées à la séduction : la sensualité, la drague et la provocation. Entre ces univers, les frontières sont minces, poreuses, subjectives… voire impossibles à définir. Au fond, qu’est-ce qui séduit?
La structure évolutive de la pièce a pour objectif de susciter la réflexion du spectateur concernant le phénomène d’hypersexualisation de la société. La séduction? encourage chaque individu, indépendamment du milieu culturel auquel il croit appartenir, à conscientiser ses propres réactions face à la charge séductrice de la proposition dansée. L’intérêt n’est pas moralisateur, la démarche n’avance aucune vérité, mais plutôt la recherche d’une prise de conscience honnête quant à ses propres réactions, trahissant valeurs et habitudes.
Chorégraphie et interprétation: Jade Marquis / Conception des éclairages originaux: Sylvie Nobert / Musique: Bob Dylan (Rainy Day Women #12 & 35) / Répétitrice: Sophie Michaud
… Parce que l’authenticité se révèle dans l’action
Je crois que les gestes valent plus que les mots. Que c’est dans l’action que se dévoile le plus fidèlement la nature d’un être. C’est selon les choix des gens, suite aux gestes qu’ils posent (ou non) que je me les représente.
Ma vision de la danse contemporaine s’arrime à cette lecture de la nature humaine et à ce souci de sincérité dans le geste, que j’exploite et explore dans mon travail d’interprète. Je crois en effet qu’œuvrer à partir de sa sensibilité et de ses propres capacités corporelles (limites comprises) demeure la seule façon de transmettre quoi que ce soit digne d’intérêt. Plus que tout, c’est la façon qu’aura l’interprète d’assumer ses actions sur scène qui m’intéresse. Sous le regard du spectateur, la gestion d’imprévus m’apparaît la plus intéressante des virtuosités : l’action et la réaction instinctive de l’interprète sur le moment, même dans l’interprétation d’un canevas chorégraphié au quart de tour. Comme le corps humain est inégal et imparfait, il y aura toujours des réajustements qui changeront la donne, d’une répétition à une autre. Et comme l’être humain me semble plutôt malhabile, tel que le démontre souvent ses actions, je considère la danse comme un moyen de révéler l’aspect le plus honnête et honorable de l’individu prêt à s’y commettre. D’où l’intérêt de danser et de regarder danser.
Mon travail de création, quant à lui, émerge d’un profond désir de partager mes réflexions et d’engendrer les discussions concernant mon questionnement. Aussi, je considère l’opportunité communicative d’une représentation comme un privilège. Lorsqu’un public choisit de donner de son temps et de son attention à une pièce, je crois que le créateur a la responsabilité de faire de la représentation une zone propre à générer une réflexion sensible ; une zone où ensemble, l’artiste et le spectateur peuvent réfléchir sur cette imparfaite, mais fascinante nature humaine.
– Jade Marquis