Critique Junkyard/Paradis – Danse – Ô le beau désordre!
Article de Catherine Lalonde paru dans Le Devoir.com le 27 janvier 2011
« Il était une fois le spectacle » annonce Jacques Poulin-Denis au micro, en ouverture de Junkyard / Paradis. Déjà, le désordre brouille ses mots, comme il envahira par vagues le plus récent quintette chorégraphique de Mélanie Demers. Déjà, sur des chariots d’éclairages, les fleurs artificielles, bâches de plastique, jupes à froufrous, colliers hawaïens et conserves de tomates prédisent la pagaille. Ô le beau désordre!
« Welcome to paradise! » clame le maître de cérémonie. Junkyard / Paradis convie à une fiesta désespérée sur l’état du monde. La pièce est une série de performances: la Reine Trash, le salissement de la danseuse ou les tomates meurtrières sont très visuelles. S’y glissent des moments plus dansés, lancés devrait-on, tout en glissades horizontales et déséquilibres irrésistibles. Les étreintes se transforment en combat à bras-le-corps. D’un grincement, une situation chavire de la douceur à la violence, de l’ironie décapante au malaise. Les rapports sont violents: soumission et domination, mais c’est surtout de territoire dont Junkyard parle finalement. Les corps sont envahis, la conquête accordée ou chèrement arrachée. L’intimité est ravagée par la conscience du monde. C’est politique, bizarrement beau, touchant et irritant, sensuel et rocailleux. L’oeil glisse sur un espace construit fort intelligemment, qui multiplie relations discrètes et détails, accumule les niveaux de lecture. Les accessoires sont utilisés avec inventivité, deviennent nécessaires. Demers dresse l’espace et la courbe émotive avec patience. On ne voit pas souvent des interprètes si plongés dans le jeu, si rapides à virer entre risques et confiance. Mentionnons Brianna Lombardo, splendide à la première hier.
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