Critique Air – Remède anti-grisaille
Article de Catherine Desroches-Lapointe paru dans impactcampus.qc.ca
Journées de vent glacé et de gadoue. Les trottoirs sont meurtris par le gros sel et le paysage est à la déprime. Dans la Salle Multi de Méduse, le nouveau spectacle de Karine Ledoyen, Air, contrastait avec la cruauté de janvier. Hélas,la création n’était présentée que durant quatre petits jours.
Après nous avoir offert Julio et Romette en 2006 et Cibler en 2008, voilà que la jeune chorégraphe de la compagnie Danse K par K, originaire de St-Pamphile, attaque de nouveau avec une démarche exploratoire et un nouvel élément, l’air. Le travail de création s’est fait autour de cet élément volage, qu’on ne peut voir directement, ni saisir. Il n’est possible que de sentir cet air qui nous entoure. Recevoir son manque, son vide, sa puissance.
Le défi était donc grand à relever. S’inspirant de la théorie des cordes, comme quoi la vie se déroulerait en plusieurs univers parallèles, et remettant en question l’idée du temps et de l’espace, le travail de Karine Ledoyen présente, par des variations temporelles énigmatiques sous forme de fragments, des images qui transportent dans les sillons de l’air. Tantôt en hauteur, plus tard dans ses plus grandes noirceurs, en accéléré, au ralenti. La bourrasque d’un instant, celle dont nos poumons se nourrissent abondamment, disparait pour faire place à l’absence d’air. C’est un perpétuel voyage entre les contrastes. Autant visuel qu’émotif, le corporel des danseuses est à la fois si léger et si lourd, d’où émanent le rire, la peur, l’amour, la haine et la tristesse.