Chroniques du Regard 2020-2021 | LES DIX COMMANDEMENTS
LES DIX COMMANDEMENTS d’Harold Rhéaume (Le fils d’Adrien danse), volet cinématographique.
LES DIX COMMANDEMENTS – volet cinématographique, c’est pour vous si vous voulez découvrir la plus récente production chorégraphique d’Harold Rhéaume et de la compagnie Le fils d’Adrien.
LES DIX COMMANDEMENTS – volet cinématographique, c’est pour vous si vous aimez la danse contemporaine qui présente des êtres humains riches et complexes.
LES DIX COMMANDEMENTS – volet cinématographique, c’est pour vous si vous voulez constater (avec ravissement) ce qui arrive à être fait par les artistes “malgré” le contexte de pandémie et de confinement COVID.
C’est quoi?
LES DIX COMMANDEMENTS, c’est l’adaptation cinématographique du spectacle du même nom, une chorégraphie d’Harold Rhéaume pour dix interprètes. Le film, d’une durée de 80 minutes, présente l’intégrale du spectacle avec, en prime, des plans rapprochés et des mises en isolation de certains soli (ce que le médium cinématographique permet aisément). Ainsi, le spectateur a un accès privilégié aux interprètes impliqués dans une danse effectuée avec une sensibilité à fleur de peau.
Le projet LES DIX COMMANDEMENTS est inscrit dans un triptyque de diffusion : La version chorégraphique sera présentée sur scène à l’automne 2021, avec la musique originale de Josué Beaucage et la conception d’éclairage de Bruno Matte. Le volet cinématographique, l’adaptation cinématographique de la production scénique par le réalisateur et directeur photo Loup-William Théberge, assisté à la caméra par Felippe Martín, sera présenté en webdiffusion par La Rotonde du 30 mars au 5 avril 2021. La version in situ se fera dans un parcours déambulatoire à l’intérieur du Monastère des Augustines au printemps 2021.
C’est qui?
Harold Rhéaume est une figure incontournable et un pilier du milieu de la danse de Québec. Fondateur de la compagnie Le fils d’Adrien danse, qui célèbre cette année son vingtième anniversaire, le chorégraphe a su dynamiser son milieu en proposant une foule de projets fédérateurs qui ont été réalisés autant en salle de spectacle que dans les musées ou sur différents sites de la ville. On peut penser aux spectacles P.ARTITION B.LANCHE, Fluide et L’éveil, aux spectacles déambulatoires Le fil de l’histoire et Je me souviens, ainsi qu’aux spectacles d’ouverture des expositions Giacometti (2018) et Miro (2019) au Musée national des beaux arts du Québec.
Riche d’un corpus d’œuvres chorégraphiques sensibles, accessibles et appréciées du grand public, il a souhaité ramener sur sa planche de travail Les dix commandements, son premier projet pour grand groupe créé en 1998. Un spectacle qui n’aura été présenté que cinq soirs seulement à Montréal. Le chorégraphe qualifie lui-même cette œuvre de fondatrice et de porteuse du reste de sa carrière.
La chorégraphie est d’Harold Rhéaume, créée en collaboration avec les interprètes de la nouvelle mouture du spectacle : Nicholas Bellefleur, Josiane Bernier, Alexandre Carlos, Miranda Chan, Charles-Alexis Desgagnés, Jean-François Duke, Misheel Ganbold, Etienne Lambert, Eve Rousseau-Cyr et Ariane Voineau. Les apprenti(e)s interprètes étaient Léa Ratycz Légaré et Maxime Boutet.
Le film est de Loup-William Théberge, assisté par Felippe Martin.
Démarche artistique
Avec la collaboration de dix interprètes choisis par audition, Harold a repris l’essentiel de la matière chorégraphique originale de 1998 tout en y injectant une part de la personnalité des nouveaux interprètes. Le chorégraphe a travaillé avec chacun et chacune à affiner la compréhension contemporaine du thème de départ : une suite de commandements intemporels et universels visant les relations aux autres (la communauté) ou avec Dieu (ou ce qui peut en tenir compte). Prenant en considération l’évolution et les changements naturels dans la perception ou dans la transmission de ces principes moraux, les clés de travail ont été transposées en un mot unique qui prend la place de l’admonestation. Par exemple : tel que discuté avec l’interprète Charles-Alexis Desgagnés dans le reportage télé nommé en fin d’article, la danse basée sur le commandement biblique “Tu ne convoiteras pas ce qui appartient à ton prochain” a plutôt été élaborée à partir de mot-clé Usurper. D’autres mots-clés qui ont servi de base au travail sont, en voici la liste :
1 • Illusion — Tu ne te feras pas d’idole.
2 • Interdépendance — Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi.
3 • Distorsion — Tu ne feras pas de faux témoignages.
4 • Acharnement — Tu honoreras le jour du Sabbat.
5 • Appartenance — Honore ton père et ta mère.
6 • Destruction — Tu ne tueras pas.
7 • Intrusion — Tu ne commettras pas d’adultère.
8 • Honte — Tu ne porteras pas de faux témoignages contre ton prochain.
9 • Convoiter — Tu ne voleras pas.
10 • Usurper — Tu ne convoiteras pas ce qui appartient à ton prochain.
Chaque solo a été créé de manière autonome, cherchant à développer une ambiance et un univers spécifiques concentrés sur le développement du thème et sur l’ajustement/adaptation du matériel chorégraphique basé sur l’œuvre de 1998. Les sessions de travail ont habituellement été de deux semaines intensives avec chaque interprète. Les rencontres en petite équipe incluaient uniquement le chorégraphe, l’interprète, le compositeur musical Josué Beaucage et l’artiste visuel Mathilde Bois.
Toutefois, comme le souligne le chorégraphe, il est inutile de chercher à identifier chaque solo comme l’illustration au premier degré d’un commandement précis. Au lieu de relier directement chaque danse à un commandement, l’œuvre présente plutôt une porosité entre chaque solo, chacun d’eux influençant les autres à différents degrés. La mise en scène présente aussi les “non-solistes” comme étant membres d’un chorus participant à l’ambiance et à l’encadrement dudit solo. Le passage d’un solo à un autre s’y trouve partie prenante du déroulement organique du spectacle, qui se veut beaucoup plus qu’un catalogue alignant les soli numérotés de 1 à 10 suivant l’ordre des tables de la loi biblique.
La réalisation du film, par Loup-William Théberge assisté de Felippe Martin, visait une adaptation cinématographique de l’œuvre. Celle-ci devient beaucoup plus qu’une simple captation du spectacle. On y retrouve l’intégrale du spectacle scénique, mais, à travers l’image, le spectateur peut s’approcher des danseurs. Il se retrouve sur la scène avec eux. L’œil de la caméra bouge et se déplace avec les danseurs, mettant parfois en lumière des détails inaccessibles pour la personne qui verrait le spectacle assise dans un fauteuil de salle de théâtre. Le tournage a été réalisé au Domaine Forget de Charlevoix lors d’une résidence de création à l’automne 2020.
Les collaborateurs et collaboratrices
Composition musicale : Josué Beaucage
Lumières : Bruno Matte
Costumes : Sébastien Dionne et Harold Rhéaume
Réalisation et direction photo : Loup-William Théberge
Assistance à la caméra : Felippe Martin
Assistance à la chorégraphie : Nelly Paquentin
Illustrations : Mathilde Bois
Remerciements aux interprètes de la version 1998 : Éric Bernier, Lucie Boissinot, Sophie Corriveau, Daniel Firth, Patrick Lamothe, Jacques Moisan, Natalie Plante, Maud Simoneau, Dave St-Pierre et Suzanne Trépanier.
Les liens externes
Sur la médiathèque de la Fondation Jean-Pierre Perreault, vous trouverez des entrevues vidéos avec les anciens et les nouveaux interprètes des DIX COMMANDEMENTS.
Pour la rencontre entre Miranda Chan et Lucie Boissinot, c’est ici en intégrale (37 minutes) et ici pour un extrait de 5 minutes.
Pour une rencontre entre Harold Rhéaume et Charles-Alexis Desgagnés, l’intégrale est ici (30 minutes) et un extrait de 5 minutes est ici.
Pour en savoir plus sur la version 1998, c’est ici.
Le Domaine Forget a rédigé un article sur la « bulle artistique » que l’équipe de création a eue lors d’une résidence de création à l’automne 2020.
Photos : Daphné Lehoux Traversy / En ordre : L’interprète Josiane Bernier (image 1), l’interprète Jean-François Duke (image 2), photos prises lors du tournage au Domaine Forget de Charlevoix (images 3 à 6), l’interprète Misheel Ganbold (image 7).