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Chroniques du regard 2017-18  No 12 – Lien(s) – Compagnie Destins croisés Philippe Provencher

Chroniques du regard 2017-18  No 12 – Lien(s) – Compagnie Destins croisés

1 - Liens - Crédit Philippe Provencher, Le Foutoir - Geneviève Gagné, Joe Danny Aurélien, Geneviève Boulet, Jossua Collin, Félix Cossette

Créée par Ismaël Mouaraki pour la compagnie montréalaise Destins croisés, la chorégraphie  Lien(s)  sera présentée à la Salle Multi de Méduse. Sur une scène abstraite découpée de motifs lumineux, ce spectacle de 55 minutes est dansé par cinq interprètes. S’y retrouvent des danseurs travaillant individuellement, en duos ou en groupe, à la recherche de l’affirmation de leur singularité à travers une variété de styles contemporains et urbains (Bboying, Hip-Hop, Krump, Locking, Popping, Voguing, Waacking).


« Lien(s)  » c’est pour vous si
vous aimez la découverte d’artistes nouveaux.

 

« Lien(s)  » c’est pour vous si vous êtes intéressé par les nouvelles formes de danse.

 

« Lien(s)  » c’est pour vous si vous aimez les spectacles léchés et présentés de fort belle manière.

 

Liens - Crédit Philippe Provencher, Le Foutoir - Jossua Collin et Félix Cossette

Le spectacle

De manière sobre et totalement efficace, différentes figures géométriques, délimitées par une lumière blanche, apparaissent au sol. Chacune de ces formes devient le cadre d’une section du spectacle. Chaque section utilise un style différent de danse urbaine et chaque danseur y trouve une place privilégiée lui permettant d’intégrer  son identité et son individualité. Un lien organique entre les différentes sections est fourni par l’apparition-disparition des interprètes et leurs regroupements ponctuels dans des sections de groupe.

Lors des numéros individuels, les corps sont tenus de respecter les frontières lumineuses, obligeant une précision et une prise de risque certaines. La musique accompagne la danse de manière fluide et chaque section porte et une signature gestuelle claire et assumée à travers des vocabulaires et styles de danse spécifiques. On pourrait y voir cinq autobiographies en mouvements. Les mouvements de groupe illustrent l’espoir d’une communication possible et efficace malgré les différences individuelles, illustrées ici par l’utilisation des différents styles de danse urbaine.

Liens - Crédit Philippe Provencher, Le Foutoir - Jossua Collin et Félix Cossette 2

Les danses urbaines ont pris de nombreuses formes au fil des ans. Au départ, elles étaient surtout apprises hors les cadres académiques, dans la rue entre amis, dansées sur des musiques populaires. Elles ont ensuite gravi l’échelle de respectabilité et se retrouvent maintenant reconnues légitimement comme une forme d’art de la scène. Un aperçu des différentes formes de danses urbaines permet de différencier :

Le B-boying ou B-girling (breakdancing), créé dans les années 1970, principalement par les jeunes danseurs de rue portoricains et afro-américains du Bronx. Souvent compétitive, elle comprend certains aspects acrobatiques et plusieurs figures au sol. Un extrait vidéo ici.

Le Krump est né dans les années 2000 à Los Angeles. Tout en permettant aux jeunes de canaliser colère, agressivité, haine et rage, les mouvements exécutés très rapidement se veulent malgré tout non-violent. Chaque « krumper » développe son propre style et sa propre identité à travers une série de « battles ». Un extrait vidéo ici.

Le Locking, inventé au début des années 70 est musical et très expressif. Il mobilise le bassin et les expressions du visage en plus d’une action de base, le « pointing », faisant référence à l’image de l’Oncle Sam pointant le doigt vers le spectateur avec le slogan : « I want you for U.S. army ». Un extrait vidéo ici.

Le Popping, né en Californie à la fin des années 1970, est dansé debout. On y retrouve trois éléments  de base : les hits (contractions), l’isolation et les angles. Ce style utilise souvent une musique funk. Un extrait vidéo ici.

Le Voguing est apparu dans les années 1970. Devenu grand public entre autres à travers la vidéo Vogue de Madonna, il a d’abord été pratiqué par les communautés gaies et transgenres afros et latino-américaines. Inspiré des poses de mannequins et des défilés de mode, on y retrouve une série de mouvements angulaires et de mouvements précis des bras et mains autour du visage. Un extrait vidéo ici.

Le Waacking est inspiré de la musique funk et disco. Cette forme de danse de rue est apparue dans les années 1970 à Los Angeles et se veut être une imitation de danse sensuelle féminine réalisée par des hommes. Elle provient en partie des clubs et bars homosexuels et s’inspire des figures de divas américaines. Un extrait vidéo ici.

Liens - Crédit Philippe Provencher, Le Foutoir - Geneviève Gagné, Félix Cossette, Jossua Collin

Le chorégraphe

D’origine franco-marocaine, Ismaël Mouaraki danse depuis le début de l’adolescence. Sa compagnie de création travaille sur des thèmes récurrents de mise en valeur des multiples facettes et variétés de l’humanité.

Dans un travail collaboratif avec des interprètes, des artistes du son, de l’éclairage et de la scénographie autant qu’avec des gens du multimédia, il continue sans cesse sa quête de reconnaissance de la richesse socioculturelle qui marque le corps des danseurs de différentes origines.

Son travail chorégraphique a été présenté au Québec, mais aussi entre autres, à New-York, Séoul, Namur et Düsseldorf. Il a aussi travaillé en collaboration avec le Cirque Éloise et le Festival Juste pour Rire.

 Liens - Crédit Philippe Provencher, Le Foutoir - Geneviève Boulet

La compagnie DESTINS CROISÉS

Fondée en 2003,  la compagnie montréalaise puise aux cultures urbaines et au métissage de différents arts de la scène afin de présenter sur scène son questionnement par rapport à l’individu dans la société ainsi que les répercussions socio-culturelles inscrites dans le corps et les mouvements dansés.

« L’identité et l’altérité y sont des thèmes récurrents, traduisant un goût prononcé de composer avec des individus dont l’identité s’est forgée par leur bagage culturel, social et artistique. Dans son univers, chacun, chaque forme d’art, chaque démarche a sa place. » Source : Site web de la compagnie.

Au corpus des œuvres de Mouaraki pour la compagnie Destins croisés, on retrouve Futur Proche (2010), Reflection (2011), Loops (2012) et Lien(s) (2016).

Les interprètes de la chorégraphie Lien(s) sont Joe Danny Aurélien, Geneviève Boulet, Jossua Collin, Félix Cossette et Geneviève Gagné. Leurs détails biographiques se retrouvent ici.

Les collaborateurs

Direction des répétitions et conseil artistique : Annie Gagnon

Scénographie : Marilène Bastien

Conception musicale : Antoine Berthiaume 

Conception des éclairages : Paul Chambers

Conception des costumes : Angela Rassenti

Liens - Crédit Philippe Provencher, Le Foutoir - Geneviève Boulet et Jossua Collin

Les critiques

« Portée avec brio par cinq danseurs attachants, cette création épurée, rafraîchissante et aboutie entremêle les danses urbaines et le contemporain pour mieux parler du métissage identitaire… La force de Lien(s) est de réunir des interprètes différents, en accord avec le métissage culturel au sein de la plupart des sociétés, et de fusionner les univers chorégraphiques, et ce, sans verser dans le «United Colors de la danse» dans lequel se perdent souvent les pièces traitants d’interculturalité. La création jour avec les codes du genre et les portés ne sont pas réservés aux hommes.» Source: Le Devoir 

«Virtuose dans la complexité des nuances de mouvement, la danse est honorée et très bien rendue par chacun des cinq interprètes. […] La structure de la pièce offre à chaque interprète le temps de ressortir, de développer son mouvement et parfois même d’exploser pour certains». Source: DfDanse 

« It was impossible to let your thoughts drift during “Lien(s),” Ismaël Mouaraki manages to grab your attention right from the first second of the piece and leaves you wanting more. This piece will not only please dance lovers but will also thrill regular audience members! » Catch your breath for Destins Croisés’ piece Lien(s)! » Source: Montréal Rampage 

 

Un LEXIQUE DE LA DANSE URBAINE vient d’être publié par www.100lux.ca et est disponible ici.