Chroniques du regard 2016-2017 – Les caveaux par Alan Lake Factori(e)
Dans son nouveau spectacle Les caveaux, Alan Lake veut faire pénétrer les spectateurs au cœur même de l’expérience. Une expérience dans laquelle il plonge habituellement ses interprètes lors de la création de ses œuvres. Pour ce faire, il amènera les spectateurs dans un lieu aménagé spécialement pour la présentation de la chorégraphie. Un lieu scénographié, rempli de matières brutes et habité d’images (virtuelles ou concrètes) qui permettront à ceux-ci d’entrer de façon très « sentie » dans une ambiance particulière et immersive, tout en les gardant dans un certain confort. Car il faut spécifier que les spectateurs, quoique plongés dans un univers rappelant les caveaux, seront confortablement assis et à l’abri des intempéries.
« Les caveaux » c’est pour vous si vous aimez les beaux risques.
« Les caveaux » c’est pour vous si vous êtes attirés par les expériences marquantes et les sensations fortes.
« Les caveaux » c’est pour vous si vous êtes intéressés aux profondeurs de l’expérience humaine.
Pour cette nouvelle production, qu’il considère comme une suite logique de ses spectacles précédents Là-bas, le lointain et Ravages, le chorégraphe souhaitait aller plus loin dans son approche multidisciplinaire de la danse. Cette fois-ci, les projections vidéo et cinéma sont incluses dans la scénographie et sont partie intégrante du spectacle. Les ambiances et décors un peu surréels retrouvés dans les films associés aux œuvres précédentes sont maintenant installés concrètement dans l’espace scénique.
Lieux de cycles qui s’enchainent et se déroulent, lieux d’éclosion et d’émergence de la vie mais aussi lieux de mort, de sépulture et de sédimentation, les caveaux seront habités par quatre danseurs interprètes, dont deux « réguliers » d’Alan Lake Factori(e): David Rancourt et Esther Rousseau-Morin, auxquels s’ajoutent Louis-Élyan Martin et Nicolas Labelle. Le lieu, mis en lumière par Bruno Matte sera aussi habité par le musicien-compositeur Antoine Berthiaume à la musique « live »et par les images vidéos de Louis-Robert Bouchard.
Nouvellement attiré par le pouvoir des liquides physiologiques, Alan Lake y tire des leçons concernant l’alchimie et la métaphysique de la vie. Il utilise dans sa recherche chorégraphique des liquides de différentes couleurs et textures, rappelant les composantes mêmes de la naissance et de l’accouchement humain.
Dans la compréhension du chorégraphe, Les caveaux sont aussi beaucoup plus qu’un sous-terrain permettant de conserver récoltes et artéfacts. Ils sont un lieu où la terre elle-même se ressource, où elle fusionne avec les racines de la vie. Cet apport de la vie à la terre peut même devenir symbolique, nourri par certaines activités humaines qui ont déjà pris la forme de cabarets anarchiques ou autres cérémonies plus ou moins rituelles.
Fusion et racines sont des clés permettant de décoder cette nouvelle œuvre. Tout en étant eux-mêmes plongés dans un lieu étrange et éphémère, inaccessible sans rendez-vous, les spectateurs vivront, sans le filtre du cinéma utilisé lors des spectacles précédents, une expérience concrète et brute, nourrie du monde onirique, plus particulièrement du « cauchemar démantelé » selon les mots de Lake.
Liens externes
Durant son processus de création, le chorégraphe s’est approché de l’œuvre de certains autres artistes des arts visuels, de la sculpture et de la performance dont vous pouvez retrouver ici détails biographiques et échantillons de leurs œuvres foisonnantes :
Francis Bacon: Francis Bacon: toute la violence du monde, Biographie de Francis Bacon et Francis Bacon, parcours et histoire.
Nicolas Samori: Fouilles du destin, Des peintures baroques qui jouent avec leur matière et ici en vidéo.
Olivier Sagazan: site Internet du peintre, sculpteur, performeur et Transfiguration: performance en vidéo.
Josef Beuys: Introduction à son oeuvre et Biographie et démarche.
Et puisque Les caveaux s’intéressent à la profondeur de l’expérience humaine, si vous voulez continuer l’immersion dans la psyché, je vous suggère aussi de plonger dans la lecture d’une grande œuvre romanesque de l’homme de théâtre et auteur canadien Robertson Davies, la trilogie de Deptford comprenant L’objet du scandale, Le manticore et Le monde des merveilles.