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Chroniques du regard 2014-2015, no 4 – Grouped’ArtGravelArtGroup, Usually Beauty Fails de Frédérick Gravel

Chroniques du regard 2014-2015, no 4 – Grouped’ArtGravelArtGroup, Usually Beauty Fails de Frédérick Gravel

04 décembre 2014
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Photo: Denis Farley

Usually Beauty Fails de Frédérick Gravel

C’est quoi :

Usually Beauty Fails est un spectacle de danse contemporaine hybride et non conventionnel préparé dans la mouvance de la jeune génération des chorégraphes montréalais. On le nomme ici concert de danse, ce qui implique la fusion intime d’un concert de musique rock et d’un spectacle de danse. Créé en novembre 2012, ce spectacle a déjà une quarantaine de représentations à son actif et récolte des éloges partout où il passe, autant en Amérique du Nord qu’en Europe. Il sera présenté trois soirs au Grand Théâtre de Québec.

C’est pour vous si vous aimez : les œuvres hybrides, la musique rock et les spectacles un peu irrévérencieux.

C’est pour vous si vous voulez : rester à jour dans les nouvelles tendances en danse contemporaine et suivre un chorégraphe qui a actuellement beaucoup de succès partout où il passe.

C’est qui ?

Diplômé universitaire en danse, Frédérick Gravel a créé récemment les pièces Gravel Works (extraits vidéos via YouTube  et Vimeo), Tout se pète la gueule, chérie (extraits vidéos via Vimeo), Usually Beauty Fails et  Ainsi parlait… , toutes créées à Montréal et ensuite présentées en France et en Europe. Il est cofondateur du collectif chorégraphique La 2e porte à gauche et aussi membre de Circuit-Est, un centre chorégraphique situé à Montréal. Visionnez le reportage vidéo où dans le cadre des 25 ans de Circuit-Est, le chorégraphe Frédérick Gravel, parle des services et des implications du centre chorégraphique dans l’univers de la danse contemporaine. Il est aussi auteur d’un mémoire de maîtrise intitulé:  Le rôle de l’artiste dans la société démocratique (UQAM, 2010).

Mentoré par le chorégraphe d’expérience Daniel Léveillé, dont la compagnie se donne la mission de « soutenir la création, la production et la diffusion sur le plan régional, national et international des œuvres et projets artistiques…, et supporter la réalisation de projets d’artistes qui provoquent et relancent la recherche et la pratique de la danse contemporaine »,  Frédérick Gravel est entre autre mis en vedette dans le film de Guillaume Paquin  Aux limites de la scène avec deux de ses collègues chorégraphes de la même génération, ceux qui  bousculent et provoquent la danse contemporaine: Dave St-Pierre, parfois décrit comme l’enfant terrible de la danse québécoise et Virginie Brunelle qui présentait récemment à La Rotonde Complexe des genres et Foutrement.

Comme le dit Fabienne Cabado dans un article du Voir, « Frédérick Gravel est l’un des pionniers de cette génération de chorégraphes qui veulent briser l’image élitiste de la danse contemporaine pour en élargir le public. Son truc: faire du spectacle une fête en emmenant son band sur scène et s’adresser au public entre deux tounes pour parler avec humour et intelligence de l’art et de la vie. Il est sympathique, la musique de ses shows est emballante et sa danse est des plus actuelles: physique, énergique et sensuelle. Ayant tout pour plaire, il s’affiche comme une étoile montante sur la scène internationale. »

Sur scène, seront présents :  Stéphane Boucher, Francis Ducharme, Frédérick Gravel,  Vincent Legault, Brianna Lombardo, Frédéric Tavernini, Jamie Wright. Comme la chorégraphie roule depuis deux ans et que la majorité des interprètes en danse contemporaine sont des pigistes, la distribution de tournée est légèrement différente de celle de la création, ce qui s’intègre bien dans le processus de Gravel qui parle alors de «successeur» dans un rôle et non de «remplaçant» en ajoutant que: « c’est organique. Chacun apporte sa couleur et nourrit le projet… Pour les danseurs, personne ne remplace exactement un autre. On trouve la pièce qui va avec le nouveau casting, on se passe des partitions dansées un à l’autre pour équilibrer les présences sur scène de chacun et garder le truc vivant. » Extrait de maculture.fr.

C’est comment ?

Créé à Montréal en novembre 2012 et soutenu par les producteurs de Danse Danse, Usually Beauty Fails s’inscrit en ligne directe avec les productions précédentes de Gravel, ovationnées ici et en Europe. On y retrouve, selon Émilie Côté « la signature du chorégraphe: des créations hybrides, entre un spectacle de danse et un show rock. Des numéros qui se succèdent comme des chansons. Gravel danse, chante et joue du clavier. Il s’adresse à la foule entre les pièces, tel un chanteur. »

Donc, durant près de 90 minutes, trois musiciens et six danseurs s’activent avec une énergie pop-rock dans un spectacle structuré en différentes scènes. Le déroulement est ponctué des interventions verbales de Gravel et le spectacle est typique de l’approche du Grouped’ArtGravelArtGroup, c’est à dire très collectif. Le chorégraphe est sur scène avec sa bande. Parfois, il danse. Parfois, il parle. Parfois, il joue de la musique ou chante.

Tel qu’expliqué dans une longue entrevue (en anglais) réalisée au Danemark en mai 2014, la chorégraphie aborde différents thèmes : éveil et perspective des spectateurs, la beauté qui peut décevoir, la séduction, le fait de donner une voix aux artistes, de faire de l’espace, d’être aussi « live » que possible et de faire des liens avec l’inévitable culture pop.

Au fil des représentations, le projet reste ouvert et malléable. Si la forme générale est bien arrêtée, elle reste désinvolte, éclatée par moments et s’adapte aux aléas. Les représentations, qui questionnent aussi l’état et la présence des danseurs (Cathia Engelbach parle de « l’immobilité apparente – de celles qui renferment un frisson sous-jacent »), contiennent toujours un élément de recherche. Dans une série d’avancées et de reculs, le spectacle évolue sans cesse et, tout en gardant un esprit de fête, Gravel veut sans cesse continuer « au moins trois choses qui font du bien : toucher le spectateur « à la tête, au cœur et au sexe ». Extrait de M le magazine du Monde.

Le spectacle, qui peut aussi amener une série de questionnements sur le quotidien, est parfois analysé de manière très sérieuse, quand on dit par exemple qu’il s’appuie sur « une structure narrative qui fait fi de toute linéarité, de sorte à garder (le public) constamment actif, voire sur ses gardes. Devant son travail, démêler l’expérience réflexive de l’expérience sensible relève de la jubilation pataphysique ou de la distanciation brechtienne. Le spectateur glisse de l’une à l’autre, entre l’évidence des corps engagés dans l’action et le détachement critique mêlé à l’autodérision. À travers son approche, Frédérick Gravel cultive l’ambiguïté artistique, la transversalité culturelle et disciplinaire, l’ironie postmoderne. » extrait du site web Daniel Léveillé danse.

Au final, ne manquez pas l’occasion de voir ce groupe pour la première fois à Québec et profiter ainsi de ce spectacle très actuel, présenté récemment avec grand succès au théâtre de la Bastille à Paris, ainsi qu’en tournée à Rome, Seattle et Vancouver. C’est le spectacle à voir avant leur prochaine production à Montréal : un cabaret à l’Usine C (Première à la Nuit Blanche, suivie d’une série de représentations en mars).