Air fugace / Air compressé / Tout et rien à la fois
Par Arianne Martel,
Collège de Champigny
Perdre contact avec cette vieille amie, la réalité… c’est parfois bénéfique. Lâcher le fil sans raison. Rompre avec la gravité. C’est dans la salle Multi de Méduse que Karine Ledoyen a laissé mon coeur s’élever le temps d’une œuvre.
La pièce AIR de cette jeune chorégraphe rêveuse m’a fascinée pour quelques raisons : tout d’abord, chorégraphier l’élément le plus insaisissable, celui qu’on ne peut voir concrètement, n’a pas dû être un travail aisé… elle a pourtant su imprégner l’essence de l’air à ses interprètes. Décousues, à l’image de l’air, plusieurs scènes les unes plus différentes des autres ont démontré les multiples visages de cet élément volatile. De la nuit au jour, l’éclairage nous transporte, de l’intense au vide, à travers cette gestuelle, nos yeux ne cessent de voyager. La légèreté est au rendez-vous, et son opposé de même.
Que dire de l’emploi généreux d’objets et d’accessoires de toutes sortes qui, de prime abord pourrait sembler superflu, mais nous fait voir que le travail artistique de la matière participe à l’esthétisme et au symbolisme de la chorégraphie. Non seulement Karine Ledoyen fait remarquablement danser ses interprètes, mais elle parvient aussi à chorégraphier avec ingéniosité le mouvement des choses. Cela ne fait qu’intensifier une autre facette de l’air où les corps de femme se baladent dans cette liberté désorganisée.
Finalement, j’ai grandement apprécié la véracité du titre… En mettant les pieds hors de la salle, j’avais l’impression de m’être fait injecter une dose puissante d’oxygène par intraveineuse. Merci à Karine Ledoyen et à ses interprètes pour cette expérience vivifiante au parfum de liberté.